Une journée de plus comme les autres. Andrew dégagea rapidement sa couverture vers le bout de son lit et se frotta les yeux. Il jeta un coup d'oeil à côté de lui, personne. Il soupira, soulagé. Il était rentré tard hier et pour une fois, il n'avait ramené personne. Et il était dans son lit. Il se leva doucement pour éviter le vertige à cause de son mal de crâne et fila dans la salle de bain où il prit une douche. Il s'habilla rapidement et alla prendre un cachet d'aspirine. Il ne savait pas trop quoi faire et ne voulait pas passer la journée, déjà bien entamée, à galérer chez lui. Il prit ses clefs et se mit en route. En sortant de chez lui il croisa un voisin qui trouva bon de le prévenir de l'arrivée d'une nouvelle dans l'immeuble, à l'étage juste en dessous. Andrew ne répondit rien et descendit les premières marches quand sa curiosité le poussa à jeter un coup d'oeil dans le couloir. Il remarqua les quelques boîtes empilées devant la porte ainsi que les cartons vides qui étaient posés contre le mur. Quelqu'un emménageait donc bien ici. Il vit la porte s'ouvrir et deux hommes -sûrement les déménageurs- sortirent. Une voix féminine les remercia et Andrew eu un pincement au coeur. Il y réfléchit longuement. En descendant les escaliers, en buvant son café qu'il venait d'aller chercher.. C'est à vrai dire tout ce qui occupa ses pensées pendant sa brève sortie. Il était catégorique, cette voix il la connaissait. Et pas qu'un peu. Il pouvait la reconnaître entre mille et même si la jeune femme n'avait pas prononcer grand chose, il savait pertinemment à qui appartenait cette voix. Il y avait pourtant des points noirs dans son raisonnement. Comment sa meilleure amie pouvait-elle emménager dans cet immeuble. Mais surtout, que faisait-elle à New-York ? La dernière fois qu'il lui avait parlé elle n'était pas décidé à quitter sa petite ville et aujourd'hui ils étaient presque voisins ? Non, il n'y croyait pas. Il ne voulait pas y croire plutôt. Elle l'aurait prévenu si elle avait en tête une telle idée. Elle lui aurait dit qu'elle allait le rejoindre. Non, ce n'était pas possible. Andrew secoua sa tête comme pour chasser ses pensées et bu les dernières gorgées de son café. Il n'y arriva pas néanmoins. Pour lui c'était juste impossible, elle l'aurait prévenue. Il en était persuadé. Ils sont meilleurs amis après tout, ils se disent absolument tout, alors selon lui, l'océan qui les sépare n'est pas une menace pour leur amitié. Il y réfléchit donc une énième fois. Il avait sûrement cru entendre la voix de sa meilleure amie mais c'était trompé, voila tout. En entrant de nouveau dans le bloc il était persuadé que son dernier raisonnement était le bon. Il jugea tout de même bon de vérifier ce qu'il avançait et arrivé au premier étage, plutôt que de continuer son chemin vers chez lui, il se dirigea dans le couloir. Il était là, planté devant la porte et décida que cela ne valait pas une humiliation. Il avait déjà fait quelque pas quand la porte s'ouvrit, instinctivement il se retourna et lâcha aussitôt, « Dites moi que je rêve. » Il n'arrivait pas à croire qu'il avait sa meilleure amie en face de lui. « Harmony tu.. enfin, qu'est-ce que tu fais ici ? »

Andrew était toujours aussi choqué. Il s'était comme figé et lorsque la jeune femme l'enlaça, il mit un temps avant de répondre à son étreinte. Il n'avait donc pas rêvé. C'était bien sa voix qu'il avait entendu plus tôt dans la journée. Il ne savait vraiment plus quoi répondre. Tout s'embrouillait dans son esprit. Il était heureux de la revoir, c'était sûr. Combien de fois il avait rêvé qu'elle le rejoignait depuis qu'il était parti ? Il ne saurait donner un chiffre exact. Mais bizarrement, le fait de la voir devant lui en chair et en os amena en lui un sentiment auquel il ne s'attendait pas. Il était frustré, heureux et en colère à la fois. Elle venait de ramener en lui tout ce qu'il avait taché d'effacer de sa mémoire depuis son arrivée à Nex-York. Il revoyait les longues journées passées à ses côtés, leur moments de complicités sans fin. Mais il ne pouvait s'empêcher de penser à de mauvais souvenirs. Pourquoi ils sont devenus voisins, pourquoi il passait les 3/4 de ses nuits chez elle essayant de trouver du réconfort. Il y pensait toujours depuis qu'il était ici, certes, mais moins. Ce sentiment s'atténua aussitôt lorsqu'il lui porta plus d'attention. Ses cheveux étaient redevenus blonds et il aimait beaucoup ça. Il lui avait souvent répété combien elle était magnifique avec cette couleur. Ce sourire, cette voix.. A vrai dire, tout en elle lui avait manqué. Quand il stoppèrent leur étreinte, il la fixa de nouveau et se décida enfin à parler. « Désolé, Bonjour. » Il se mit à rire doucement puis repris plus sérieusement. « C'est le choc, tu comprends. Je ne m'attendais pas à te voir emménager ici. Surtout sans que j'en ai la moindre idée. » La bonne humeur qui l'avait poussé à rire quelques seconds auparavant c'était aussitôt effacée. Il lui lança un regard accusateur. Il savait qu'elle n'aimait pas ça et c'est la raison pour laquelle il adorait la regarder ainsi. Mais cette fois, c'était on ne peut plus vrai. Il lui en voulait et il avait parlé de façon à montrer qu'il était mécontent. Elle aurait très bien pu le deviner au fait qu'il ne lui ait rien dit comme quoi elle lui avait manqué ou non. Il chercha son regard mes sa tête baissée l'empêcha de percevoir ses émotions. Il la comprenait facilement, ça faisait si longtemps qu'ils se connaissaient. Il avait appris à décrypter la moindre de ses émotions et il savait très bien que c'était de même chez elle pour lui. Il s'en voulu aussitôt d'avoir été si direct et presque méchant dans ses propos. Elle était là pour lui après tout mais il ne pouvait s'empêcher de lui en vouloir. C'était plus fort que lui. « Excuse moi Harmony. Bien sûr que tu m'as manqué. Mais tu es ma meilleure amie et j'aurais voulu que tu me prévienne avant. Je sais pas, tu ne m'as presque pas écrit depuis que je suis ici et là t'arrive comme un cheveux sur la soupe. Je sais pas comment réagir. » Son ton était triste, il lui avait parlé en toute sincérité et ne savait pas comment elle allait réagir.

Quand Harmony se décida à lui parler, il su directement à son air et à sa façon de parler qu'elle ne lui disait pas les vrais raisons de son emménagement. Et il ne s'était pas trompé car elle se reprit aussitôt, lui parlant cette fois-ci en toute sincérité. Elle lui avoua sa peur qu'il la rejette, ne veuille pas de sa présence ici. Au début, il fut surpris. C'est vrai, comment elle aurait pu penser une telle chose ? Elle sait très bien que pour lui, et ce depuis longtemps, elle est la personne qui compte le plus au monde. Il lui était tellement reconnaissant pour tout ce qu'elle avait pu faire pour lui durant leur années d'amitié qu'il ne cessait de se demander comment il aurait pu faire un jour pour lui rendre la pareille. En effet, il sait très bien que sans elle, il n'aurait plus été là à l'heure qu'il est. Tout ce qu'elle lui disait là lui faisait chaud au coeur. Il voyait qu'il était important pour elle et il aimait cela. Elle aurait pu, il y a plus de dix ans de ça, le laisser dans sa misère et ne pas aider ce petit garçon pas très intéressant qui venait d'emménager à côté de chez elle. Mais au lieu de ça, ils avaient appris à se connaître et ils étaient restés unis comme les cinq doigts d'une main malgré tout. Chacun a eu ses hauts comme ses bas, mais durant toutes ces années, ils ne se sont pas quittés. Alors il s'en voulu plus que jamais de l'avoir laissé là-bas, à Bristol, toute seule. Comment il avait pu lui faire ça et être si égoïste alors qu'elle avait à plusieurs reprises écarté de belles opportunités pour lui. Puis il suffit d'un seul geste de la part de la jeune femme pour lui faire se souvenir de nouveau. Elle glissa lentement sa main dans sa longue chevelure fraîchement devenue blonde pour faire passer une mèche derrière son oreille et il ne put s'empêcher de fixer son mouvement sans écarter son regard une seule fois. Il se vit allonger dans un grand lit avec elle à ne rien faire, comme ils en avaient l'habitude. Elle ne cessait de passer ses mains dans ses cheveux et lui ne pouvait s'empêcher de rire et de la fixer à chaque fois. " Tu ne peux pas t'en empêcher. Mais c'est une belle manie, j'adore ça. " Il se souvient avoir dit. Et un souvenir si simple aurait pu être insignifiant si il n'avait pas s'agit d'elle. Il fit vite surpris par la rapidité avec laquelle il fut ramener à la réalité. Elle le regarda de nouveau et il vit dans son regard quelque chose qu'il n'avait jamais vu auparavant. Pas d'elle envers lui du moins. Il n'aurait su dire si elle était triste ou en colère. Mais son ton lui fit penser qu'il s'agissait d'un peu des deux. Ce mélange ne lui plaisait vraiment pas d'ailleurs, tout comme la question qu'elle venait de lui poser. Andrew ferma les yeux et tenta de ne pas perdre son sang froid. Après tout, vu comment il avait réagi quelques minutes avant cela, elle avait le droit d'en faire autant. Il fut pris au dépourvu et avant même de réfléchir ses paroles, il répondit; « Je.. J'en sais rien. » Aurait-il vraiment voulu qu'elle ne le rejoigne pas ? Peut-être oui. Parce que s'éloigner d'elle lui avait donné des réponses à certaines questions qu'il n'avait jamais osé se poser. « Un peu des deux. Je t'en voulais de ne pas m'avoir prévenu. Mais c'est déjà oublié. » Il fit une pause car il ne savait pas lui même comment Harmony allait comprendre ce qu'il s'apprêtait à dire. Il hésita, et il continua d'un trait, « J'ai peut-être inconsciemment voulu que tu ne me rejoigne pas, oui. Mais pour de mauvaises raisons. Et j'en suis désolé. C'est totalement différent ici. On est plus dans notre petite bulle comme à Bristol. Il ne s'agit pas de toi et moi contre tous les autres. Je suis un homme totalement différent, c'est peut-être dur à comprendre vu que je ne suis pas là depuis si longtemps, mais c'est la vérité. Et.. Je n'ai pas envie que tu n'aime pas ce nouveau moi. »

Sa meilleure amie venait de réagir comme il s'y attendait, même peut-être pire. Ses paroles avaient été sincère, il pensait ce qu'il avait dit mais Andrew était parfaitement conscient d'avoir écarté quelques points de la vérité. Il y a certaines choses qu'on ne peut pas dire. Ce qui déplut le plus à Andrew lorsqu'elle lui fit part de son ressenti fut qu'il savait pertinemment qu'il lui avait fait du mal. C'était bien la dernière chose qu'il avait souhaité. Elle lui rappela qu'elle avait beaucoup sacrifié pour lui, pour leur amitié. Et il n'avait aucun argument pour la contrer. Absolument aucun car tout ce qu'elle venait de dire était totalement vrai. Il savait qu'il avait été égoïste d'être parti sans elle et d'en plus n'avoir pas voulu qu'elle le rejoigne. Comment pouvait-il penser qu'elle n'aimerait pas ce qu'il était devenu ? Il ne répondit pas mais il savait très clairement pourquoi il avait dit cela juste avant. Il n'avait jamais été aussi soulagé que maintenant. Il n'avait pas de gros problèmes et rien sur le coeur qui soit intéressant à partager. Et puis, il avait trouvé une petite amie. Il savait qu'il n'allait pas pouvoir être présent pour elle autant qu'avant. Et qu'allait-elle penser de cela ? Bien qu'à plusieurs reprises Andrew ait essayé de s'enlever de la tête que sa Meilleure amie pouvait avoir des sentiments pour lui, il était presque persuadé que c'était le cas. Mais comme elle ne lui avait jamais avoué, il avait considérer ses pensées comme totalement déplacées. Mais il l'aimait lui aussi. Bien plus qu'une simple amie, c'est sûr. Harmony est l'incarnation de la femme parfaite pour lui, il ne peut s'empêcher de lui dire combien elle ferait de son futur mari le plus heureux des hommes à chaque fois qu'elle l'aide. Et ce ne sont pas des paroles en l'air, il le pense vraiment. Elle a tout pour elle. Mais il s'était mis un point d'honneur à ne jamais amener une trop grande complexité dans leur relation en y ajoutant l'amour.
Andrew reprit le fil de la conversation et répondit à sa meilleure amie comme il avait pris l'habitude de le faire à chaque fois, en toute sincérité. « Moi aussi je t'adore. Démesurément. » Il lui sourit pour la rassurer et se surprit à ne pas chercher ses mots pour une fois. Il était toujours si hésitant et peureux de dire quelque chose qu'il ne fallait pas qu'il était libéré à chaque fois qu'il lui parlait. Tout était si simple avec Harmony. « Tu n'as pas à t'excuser. Je t'interdis de le faire d'ailleurs. Ça partait d'une bonne intention et je me rend vraiment compte que le plus égoïste ici, c'est moi. » Il fit une pause et répondit cette fois-ci à la question de son interlocutrice. « Tu rigoles ou quoi ? Que tu me rappelles de mauvais souvenir, c'est inconscient. C'est vraiment pas ta faute, et c'est même plutôt la mienne. Tu es la seule raison pour laquelle je suis resté fort toutes ses années. Sans toi j'aurais été rien, je me serais jamais relevé de toutes ces merdes qui me sont arrivées. Alors bien sûr que tu me rappelles tous ces merveilleux souvenirs qu'on a eu ensemble. Tous ce que j'ai vécu de meilleur c'est avec toi. Alors ne doute jamais que je t'aime et que malgré tout ce qui arrive, tu es et resteras celle qui compte le plus pour moi. » Il était venu jusqu'à elle pour l'enlacer. Il était tellement dégoûté de lui-même d'avoir pu la blesser ainsi qu'il se résigna à empêcher des larmes de couler. Il avait tellement honte de lui à cet instant même. « Je veux que tu te rappelles de ça à chaque fois que j'agis comme un con; Je t'aime plus que tout au monde. »