Chaque être vivant de cette planète est, un jour dans sa vie, né et chacun d’entre eux finira par s’éteindre. Ainsi est la vie. Personne n’a jamais échappé à la règle et n’y échappera jamais. Même pas moi. Cependant, je dois l’avouer, il m’est déjà arrivé de rêver de n’avoir jamais vu le jour. De n’être jamais arrivée sur cette fichue planète terre. Ma vie n’est qu’un désastre et ce depuis le jour de ma naissance. Je ne sais même pas ce que le mot bonheur signifie. Alors autant vous dire que ça aurait été mieux pour tout le monde que je n’ai jamais existé. De toute façon, je n’aurais manqué à personne, j’en suis sure et certaine. Tout a débuté le sept mai de l’année mille-neuf-cent-nonante-trois dans une petite ville de l’Angleterre dont je ne me souviens même plus du nom. Tout ce que je sais, c’est que ce n’était pas loin de Manchester et que j’y ai vu le jour. Je crois que je me suis retrouvée orpheline à peine dix minutes après être sortie du ventre de ma mère. D’après ce que l’on m’a toujours dit, mon père était décédé dans un accident de la route six mois auparavant. Ma mère, elle, avait quitté cette planète durant l’accouchement puisque plusieurs complications étaient survenues. Enfin soit. Que ce soit l’un ou l’autre, ils n’avaient pas vraiment de famille. Du coup, je me retrouvais sans parents, sans frères ni sœurs, sans oncles ni tantes et sans grands-parents. En gros, j’étais seule. Complètement seule. Je fus donc placée dans un orphelinat non pas toujours dans cette petite ville mais sur une île, l’île de Wight. Pourquoi là-bas ? Je n’en ai pas la moindre idée. Peut-être n’y avait-il pas d’autres orphelinats pouvant m’accueillir. C’est là-bas que mon enfer a réellement commencé. J’aurais pu être adopté, j’aurais pu aller à l’école et me faire des tonnes d’amis, avoir une famille avec laquelle passer Noël et surtout, j’aurais pu être heureuse. Mais cela n’est jamais arrivé. Chaque matin pendant les cinq premières années de ma vie, j’espérais secrètement que ce serait le dernier réveil à l’orphelinat. Qu’une maman et un papa allaient venir me chercher pour m’offrir la vie dont j’avais toujours rêvé. Ne jamais avoir été adopté a vraiment brisé quelque chose en moi. Ça m’a rendu plus que timide. Je dirais même que j’étais carrément renfermée sur moi-même, une vraie coquille vide. Je pense non en fait j’en suis convaincue que c’est à cause de cela que je n’ai jamais réussi à me faire un seul ami. J’étais rejetée par tout le monde. J’avais vraiment l’impression que personne ne m’aimait. Au fond, était-ce vraiment une impression ? Je n’en suis plus si certaine. Autant vous dire que lorsque l’on est un enfant et que l’on sait pertinemment bien que l’on ne compte pour aucune personne sur cette terre, c’est vraiment dur de vivre. Cette situation continua durant toute mon enfance. Pas de famille, pas d’amis, pas d’ennemis non plus. En fait, j’étais toujours aussi seule que le jour de ma naissance.

L'adolescence n'est certainement pas le moment le plus agréable dans une vie. D’autant plus avec une enfance si désastreuse. On grandit, on change beaucoup physiquement, ainsi que mentalement. Et encore une fois, je n'ai pas échappé à la règle. J'étais loin d'être une adolescente rebelle, impossible à contrôler, qui se droguait, fumait ou se bourrait la gueule en douce. Bien que j’aurais eu pas mal de raison de faire toutes ces choses. J'avais les pieds sur terre, je savais que si je faisais des conneries ça pourrait avoir des répercussions sur mon futur. Et je ne voulais vraiment pas que ça arrive. Parce qu’après avoir eu un début de vie comme celui-là, je ne voulais plus qu’une chose : réussir mon futur. Malgré tout, je restais une adolescente comme les autres, quoi que contrairement aux autres je ne connaissais pas mon premier amour et je n’avais pas plus d’amis que quelques années auparavant. J’étais mal dans ma peau. Malgré tout cela, j’étais bonne élève. J’étais même première de classe. C'est en essayant d'échapper à la routine de tous les jours que j'ai découvert la musique. Au début, c'était juste comme ça, vous voyez, pour passer le temps. Mais plus le temps passait, plus ça prenait de l'importance dans ma vie. A l'âge de quatorze ans, je pris mon premier cours de piano et à l'âge de quinze ans mes premiers cours de chant et de guitare. C'était une vrai passion, je ne pouvais plus m'en passer. La musique m'a aidé à ne pas sombrer pendant mon adolescence, à rester moi-même en toutes circonstances et surtout à me faire prendre confiance en moi. A partit de ce moment-là, je savais exactement ce que je voulais faire de ma vie. Une carrière dans la médecine. Ce qui n'avait rien à voir avec la musique. C'est juste que le fait de pouvoir aider des gens, de pouvoir les sauver me rendait particulièrement fière et heureuse. J’étais donc déterminée à réussir cela. Premièrement pour être heureuse et deuxièmement pour prouver au monde entier que moi, Selena Cohen-Brown, j’étais capable de réussir quelque chose. Je n’étais pas qu’une moins que rien. Je pouvais réussir ma vie comme tout le monde ! Le jour de mes dix-huit ans, j’avais reçu une nouvelle qui m’avait un peu chamboulé. J’étais l’unique héritière de la famille Cohen-Brown qui apparemment était une famille vraiment très fortunée. Ce que j’avais d’ailleurs toujours ignoré. Ce jour-là, j’avais gagné assez d’argent pour vivre aisément toute ma vie sans même devoir travailler un jour. Mais n’étant pas très motivée à l’idée de ne jamais rien faire de ma vie. Je préférai prendre cet héritage pour une chance de recommencer ma vie en partant loin. Après tout, à présent j’étais majeur et riche. Je pouvais donc faire ce que je voulais. Finalement cet argent, je finis par l’oublier. Ne l’utilisant pratiquement jamais puisque le lendemain de cette grande nouvelle, j’en avais reçu une autre. J’étais admise dans cette célèbre université de New York. Il m’avait choisi, moi, pour étudier la médecine. C'était un rêve qui se réalisait. J'avais un peu l'impression que la vie me souriait enfin, que la roue tournait.

Au jour d’aujourd’hui, je vis à New York City. Cela fait très peu de temps que je suis arrivée aux États-Unis puisque ça ne fait même pas un an que j’ai reçu cette fameuse nouvelle. J’ai décidé de repartir à zéro. En commençant par oublier ma timidité. Ce qui n'est pas très facile, je dois l'avouer. L’université en elle-même me plait assez. Les cours sont intéressants et les gens sympathiques. Mon passé est derrière moi. Tout cela ne fait plus partie que de mon histoire parce que cette partie de moi n’existe plus. Je m’appelle Selena Cohen Brown, j’ai dix-huit ans et je sais qu’à partir de maintenant, ma vie sera plus belle.